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Channel: jazz.blogs.liberation.fr - Actualités pour la catégorie : Miles Davis
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En pixels, Satchmo, Miles et Monk excellent

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!cid_1D340F8B-EE0D-42C8-B943-711802029F4DSpécialité de Miles Davis: s’entourer de grands souffleurs. Une marque de fabrication. Ce n’est pas tout. Le flair de Miles se doublait d’un talent de dénicheur de saxophonistes méconnus. Parmi ceux-ci je vénère particulièrement Bob Berg. Le New-Yorkais mort en 2002 d’un accident de la circulation (à 52 ans), embarque instantanément dans des cavalcades inspirées. Miles au nez creux avait réquisitionné le fougeux ténor hard-bop. On assiste au triomphe de Berg dans la captation de trois concerts monumentaux à Montreux, en 1984, 1985, et 1986. Voici l’une des raisons de jeter le dévolu sur le coffret de 10 DVD édité par Eagle Vision (18 heures de musique). Aiguillé par le leader, Bob Berg étincelle, subjugue les salles.

Quelques années auparavant, en 1973, les enchevêtrements du soprano de David Liebman hypnotisent et ahurissent. Le charisme de Miles, à son apogée durant cette période (jusqu’en 1991), met dans la poche la capitale suisse du jazz. Le premier DVD présente des interviews piquantes de Santana et de Herbie Hancock.

Ceux qui veulent voir Thelonius Sphere Monk jouer de près peuvent résoudre l’obsession : ils n’ont qu’à se procurer l’émission prodigieuse de 1969 pour la Télévision française.

Monk_twoPas courante, et pour cause : le document de l’INA démarre par une interview-fiasco de Henri Renaud. L’un et l’autre, pourtant amis, ne se trouvent pas. Regards et questions se perdent. Monk, totalement dans la stratosphère, retoque les questions vagues du producteur français, botte en touche (de piano), joue avec les silences : sa tête habite déjà le clavier. La mine de Monk vaut son poids de métal précieux. Le tour au récital. Douze morceaux hallucinés, sublimissimes. Dont quatre jusque là introuvables en configuration solo dans les enregistrements connus (Epistophy, Ugly Beauty, Thelonius, Coming on the Hudson). Sauf domicile en feu, ou kidnapping des enfants, impensable de quitter l’écran devant la manifestation du génie de l’Américain. Se procurer le DVD dans le coffret de six, vendu d’un bloc, sur le site mosaicrecords.com.

Dvd Eva Dénia Trio2011 aura fourni deux occasions supplémentaires d’honorer Georges Brassens (naissance en 1921, mort en 1981). Pour varier des re-éditions, néanmoins bienvenues, voici Eva Denia!  A mon sens la meilleure interprète actuelle (avec Maxime le Forestier et Joël Favreau) du poète de Sète. L’Espagnole a commencé en interprétant, des standards du jazz au début des années 90, en compagnie de figures de la scène valencienne. Parallèlement, la vocaliste s’accompagne à la guitare sur le répertoire de Brassens. Elle dédie un premier disque au gorille en 2005, avec le futur trio (Carles Carrasco à la guitare et José Luis Porras à la contrebasse). Second album, Toujours Brassens, en 2008. Les amateurs se passent le mot. Remplissent les salles. Le bouche-à-oreilles fonctionne. L’an dernier (2011) sort le bijou. Eva Denia Trio en concert, au Café Mercédès de Valence. La conviction, la présence, le sens de l’arrangement musical, la voix d’Eva insufflent une âme aux textes impérissables. On pense à Joan Baez. Commander le DVD auprès de l’association-référence : aupresdesonarbre.com.

The-armstrong-box,M66315Back to old school and big Satchmo. La plus belle interprétation d'On the Sunny Side of the Street par Louis Armstrong qu’il m’ait été donné d’entendre, figure sur le DVD bonus du coffret Storyville de 6 CD (considérables années 47 à 67) distribué par Codaex. La version date de 1958. Suit un Saint Louis Blues à détourner le Mississipi, enregistré au même Timex Show. L’orchestre de Lionel Hampton lance le Louisianais sur orbite, propulsé par les caisses en unisson de Gene Krupa et Cozy Cole. Louis nous inonde de bienfaits. L’on se félicite ici que les chanteuses (ici Jay Morgan) réveillent à ce point les qualités exceptionnelles de scatteur du trompettiste. Chaque chanson charrie un flot d’émotion. Sans omettre la cascade finale, où Duke Ellington, cette fois en 1959, tempère les déchaînements de Louis, Dizzy Gillespie et Coleman Hawkins. Le bonheur.

Rares les artistes haut-de-gamme dotés du talent de pédagogue du jazz auprès du grand public. Antoine Hervé possède le don. Je suis allé écouter l’an dernier La Leçon de Jazzsur le Duke, à l’auditorium de Saint-Germain-des-Prés. Plusieurs centaines de fauteuils occupés. Le public captivé. Hervé place l’oeuvre des musiciens en perspective, multiplie les anecdotes, sollicite les bonnes formules, place des clins d’oeil, provoque la complicité de la salle. Faisons passer le message : RV Productions sort le DVD La Leçon sur Wayne Shorter, en février (Distribution Harmonia Mundi). Cerise sur la platine, le formidable Jean-Charles Richard accompagne le pianiste. Les solos du multi-saxophoniste surdoué regorgent d’évocation, racontent tellement d’histoires, que l’on soutient sans exagérer que La Leçon se déroule à deux voix.

La parution du Duke est programmée dans l’année. Rentrée le 14 janvier à Nanterre (Le Blues).

Bruno Pfeiffer


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